DIEUDONNE- LE JOURNALISTE -BEST OF 11 SEPTEMBRE
lundi 26 avril 2010
lundi 12 avril 2010
Un enfant chef de famille!
La loi les protège, les ONG également. Et pourtant, ils sont nombreux, ces enfants au gestuel et au regard innocent qui travaillent. Ils gagnent leur vie à la sueur de leur front devant la complicité hypocrite de la société. Ousseynou Sène 11ans en fait parti. Univers d’un enfant qui n’a rien demandé.
Il n’est pas né avec une cuillère en or dans la bouche. C’est tout simplement son crime. A 11ans, Ousseynou s’assume seul, et en fait de même, partiellement du moins, pour sa famille. Comme un adulte, il se lève à des heures où la plupart de ses égaux sont au lit pour aller à son lieu de travail, derrière le stade Léopold Sédar Senghor. Sur ses 1,15m, il va chercher l’eau sur une distance d’au moins 800mètres de son domicile inachevé. Culotte déchiquetée, tee-shirt presqu’en haillons, casquette sur la tête, chaussures en plastique, il confie tout en lavant une voiture « j’ai l’habitude de travailler car durant l’hivernage je me rends au village pour la culture de l’arachide. Je ne sais rien faire d’autre et ça ne me dérange pas ». Quid des ONG pour enfants ? Ousseynou n’en connait pas. D’ailleurs, il a commencé par le commerce comme marchand ambulant puis la maçonnerie comme journalier. Il en est à son troisième métier. Boy Ouzin, comme l’appellent ses clients, est très actif. Et ses services sont très appréciés par les conducteurs de la zone, d’où la variété de sa clientèle. L’un d’eux, un fidèle client, Cheikh Ndiaye est chauffeur de minibus. Il explique son assiduité chez celui qu’il appelle « fils». « Je préfère ses services parce qu’il nettoie bien et en plus il est très sérieux », affirme-t-il tout en attendant que sa voiture soit prête et propre.
Dans une vie comparable à une jungle où les plus grands mangent les plus petits, ce tout jeune travailleur au teint noir lui se fait prudent. « Je n’ai pas eu la chance de mettre pied à l’école parce que le destin en a voulu autrement, mais je sais quand même calculer de l’argent ». Mais parfois son âge le handicape quand même : « il m’arrive de nettoyer une voiture et que le propriétaire veuille me tromper; mais je ne me laisse pas faire, je trouve des astuces pour m’en sortir», lâche-t-il derrière sa moue d’enfant. Très perspicace pour son âge, ses chiffres d’affaires varient entre 2500 et 3000 par jour.
Sur ses épaules frêles, repose presque toute une famille. Il participe ainsi aux différentes dépenses du foyer. Et divise ses recettes du jour en trois : « l’une est pour ma mère, l’autre pour la cotisation des repas et autres et la troisième partie est pour moi. Je le mets dans mon pot d’épargne ». Ce jeune sérère né à Bambey a comme seul souci sa maman, elle est la raison de son activité. « Je ne peux pas laisser ma mère mourir de faim. Je suis l’homme de la maison vu que mon père nous a abandonnés. Je veux le meilleur pour elle ». Cet abandon du père fait qu’Ousseynou est depuis tout petit proche de sa mère. Pour cette dernière, il est le meilleur fils. « Une chose est sûre c’est que mes prières l’accompagnent. Il est tout petit et n’a même pas la force de travailler mais il est digne et a de la peine pour moi. Grâce à lui, je n’envie personne », témoigne-t-elle chapelet à la main, dans la cour familiale.
Bien aimé et apprécié sur cet espace goudronné lui servant de lieu de travail, Ousseynou est à son âge son propre patron. « Avec le métier que j’exerce, je suis mon propre chef et je n’ai de compte à rendre à aucun supérieur ou fournisseur contrairement à la maçonnerie ou au commerce que je faisais ». Comme tout enfant, Ousseynou a un rêve, un rêve qui lui tient à cœur. « Je veux devenir un grand champion de lutte à l’image de mon idole Modou Lo; ainsi je pourrais acheter une jolie maison pour ma mère, ma jeune sœur qui travaille comme domestique et moi », dit-il les yeux luisant d’espoir.
Loin des jeux, principales préoccupations de ses compères, Ousseynou cherche la voie, sa voie : la lutte, ce rêve d’enfant bien sien. Sous cette innocence, ce regard, ces gestes enfantins, il reste un enfant qui n’a rien demandé. Qui sait ? Demain reste un mystère. Et peut-être fera-t-il un jour, sur le petit écran, son « bakk » (danse folklorique des lutteurs sénégalais), celui par lequel il émerveille ses collègues. Un rêve qui permet à ce petit par l’âge, mais grand en ambitions de lutter contre la destinée, qui, certainement pour lui n’est pas fatalement réglé d'avance.
Il n’est pas né avec une cuillère en or dans la bouche. C’est tout simplement son crime. A 11ans, Ousseynou s’assume seul, et en fait de même, partiellement du moins, pour sa famille. Comme un adulte, il se lève à des heures où la plupart de ses égaux sont au lit pour aller à son lieu de travail, derrière le stade Léopold Sédar Senghor. Sur ses 1,15m, il va chercher l’eau sur une distance d’au moins 800mètres de son domicile inachevé. Culotte déchiquetée, tee-shirt presqu’en haillons, casquette sur la tête, chaussures en plastique, il confie tout en lavant une voiture « j’ai l’habitude de travailler car durant l’hivernage je me rends au village pour la culture de l’arachide. Je ne sais rien faire d’autre et ça ne me dérange pas ». Quid des ONG pour enfants ? Ousseynou n’en connait pas. D’ailleurs, il a commencé par le commerce comme marchand ambulant puis la maçonnerie comme journalier. Il en est à son troisième métier. Boy Ouzin, comme l’appellent ses clients, est très actif. Et ses services sont très appréciés par les conducteurs de la zone, d’où la variété de sa clientèle. L’un d’eux, un fidèle client, Cheikh Ndiaye est chauffeur de minibus. Il explique son assiduité chez celui qu’il appelle « fils». « Je préfère ses services parce qu’il nettoie bien et en plus il est très sérieux », affirme-t-il tout en attendant que sa voiture soit prête et propre.
Dans une vie comparable à une jungle où les plus grands mangent les plus petits, ce tout jeune travailleur au teint noir lui se fait prudent. « Je n’ai pas eu la chance de mettre pied à l’école parce que le destin en a voulu autrement, mais je sais quand même calculer de l’argent ». Mais parfois son âge le handicape quand même : « il m’arrive de nettoyer une voiture et que le propriétaire veuille me tromper; mais je ne me laisse pas faire, je trouve des astuces pour m’en sortir», lâche-t-il derrière sa moue d’enfant. Très perspicace pour son âge, ses chiffres d’affaires varient entre 2500 et 3000 par jour.
Sur ses épaules frêles, repose presque toute une famille. Il participe ainsi aux différentes dépenses du foyer. Et divise ses recettes du jour en trois : « l’une est pour ma mère, l’autre pour la cotisation des repas et autres et la troisième partie est pour moi. Je le mets dans mon pot d’épargne ». Ce jeune sérère né à Bambey a comme seul souci sa maman, elle est la raison de son activité. « Je ne peux pas laisser ma mère mourir de faim. Je suis l’homme de la maison vu que mon père nous a abandonnés. Je veux le meilleur pour elle ». Cet abandon du père fait qu’Ousseynou est depuis tout petit proche de sa mère. Pour cette dernière, il est le meilleur fils. « Une chose est sûre c’est que mes prières l’accompagnent. Il est tout petit et n’a même pas la force de travailler mais il est digne et a de la peine pour moi. Grâce à lui, je n’envie personne », témoigne-t-elle chapelet à la main, dans la cour familiale.
Bien aimé et apprécié sur cet espace goudronné lui servant de lieu de travail, Ousseynou est à son âge son propre patron. « Avec le métier que j’exerce, je suis mon propre chef et je n’ai de compte à rendre à aucun supérieur ou fournisseur contrairement à la maçonnerie ou au commerce que je faisais ». Comme tout enfant, Ousseynou a un rêve, un rêve qui lui tient à cœur. « Je veux devenir un grand champion de lutte à l’image de mon idole Modou Lo; ainsi je pourrais acheter une jolie maison pour ma mère, ma jeune sœur qui travaille comme domestique et moi », dit-il les yeux luisant d’espoir.
Loin des jeux, principales préoccupations de ses compères, Ousseynou cherche la voie, sa voie : la lutte, ce rêve d’enfant bien sien. Sous cette innocence, ce regard, ces gestes enfantins, il reste un enfant qui n’a rien demandé. Qui sait ? Demain reste un mystère. Et peut-être fera-t-il un jour, sur le petit écran, son « bakk » (danse folklorique des lutteurs sénégalais), celui par lequel il émerveille ses collègues. Un rêve qui permet à ce petit par l’âge, mais grand en ambitions de lutter contre la destinée, qui, certainement pour lui n’est pas fatalement réglé d'avance.
La teinture : un créneau lucratif
La teinture est leur quotidien et leur gagne-pain. Elle est un art que ces Maliens installés à Ouakam ont hérité de leurs ancêtres. Cette activité qui se fait par différents procédés requiert beaucoup de patience et de doigté. Loin de leur pays, ces artisans gagnent leur vie pour aider les parents restés au village, malgré une nostalgie de plus en plus poignante.
Un vaste terrain sis à la cité Comico de Ouakam. Bassines, maillets, tissus, fûts remplis d’eau trainent çà et là. Une odeur d'acide titille les narines. Ce lieu est un temple de la teinture. Une femme rince un tissu, deux autres sont autour d’une bassine. Gants aux mains, elles s’activent à tremper petit à petit un tissu blanc dans une bassine en métal. En face d’elles, un homme s’affaire dans une tente. Ici, on peut acheter des « thioups » (bazins teintés) ou amener son tissu pour le teindre. Dans ce cas, le prix est à 2000frs CFA le mètre. Avant d’être teinté, le tissu subit plusieurs procédés. Le travail est bien organisé dans ce site. Et chacun à un rôle bien défini. Salimata Coulibaly explique tout en suspendant un tissu fraichement teint sur le séchoir. « Nous utilisons des colorants chimiques. Le tissu 100% coton est trempé dans un mélange de poudre colorante, d’acide, lavé, puis égoutté, retrempé jusqu'à l'obtention de la couleur souhaitée et enfin séché au soleil. Pour les motifs, il y a différents procédés de nouage, de couture ou d’empâtement du tissu ». Pour un bon éclat, le tissu passe après la teinture et le séchage sous le maillet du « tapeur ». A l’approche d’une tente, les « pan-pan » résonnent de plus en plus fort. A l’intérieur, un homme, kaftan gris un peu délavé dont la manche pend un peu sur l’épaule gauche. Il tape avec une force extraordinaire sur un tissu de couleur marron. Le visage dégoulinant de sueur, le jeune Thiémokho trouve la cherté des bazins justifiée : « le travail est très pénible c’est pourquoi la marchandise coûte cher. Et en plus nous courons un risque car les produits que nous utilisons sont toxiques ». Cette cherté n’est sûrement pas ressentie par Bandel Wane. Venue récupérer trois tissus, cette jeune dame explique sa préférence pour ces artisans Maliens. « Ils sont les meilleurs en matière de bazins. La teinture est l'une de leur plus ancienne activité. Les tissus ont plus d’éclat et les motifs sont plus visibles », lâche-t-elle, le sourire aux lèvres, ravie par la qualité du service.
Le travail des bazins teintés est très rentable. Ces textiles sont vendus à partir de 30.000frs CFA. Ces travailleurs tous des Maliens l’ont si bien compris qu’ils sont organisés en une petite société parce que originaires de la même localité. Ils ont quitté Ouéléssébougou, un village dans la région de Sikasso car la vente de bazins teintés marche plus au Sénégal que dans la sous-région. La teinturerie est presque une spécialité malienne si l’on en croit Seydou Maiga, un des teinturiers. « Nous avons une clientèle très diversifiée qui est très satisfaite de notre offre. Les Sénégalais préfèrent notre marchandise car nous venons du Mali. Ce qui nous arrange car nous gagnons beaucoup d’argent », affirme le chef de l’atelier. Les ouvriers sont une bonne quinzaine. Leur chiffre d’affaires est très élevé. D’ailleurs, une bonne partie de l’argent collecté est envoyé au village. « Nous sommes organisés en une petite communauté et quand nous envoyons l’argent, nos différentes familles se le répartissent. Le reste on le partage et chacun a sa petite épargne », poursuit le jeune frère Moussa Maiga.
La teinturerie, activité artisanale est très fructueux. Ces tissus, originalement africains sont un élément d’identité culturel. Cependant un problème subsiste : leur cherté. Ce qui est paradoxal car les produits intervenant dans la fabrication sont tous locaux. Sauf le bazin qui est importé.
Le travail des bazins teintés est très rentable. Ces textiles sont vendus à partir de 30.000frs CFA. Ces travailleurs tous des Maliens l’ont si bien compris qu’ils sont organisés en une petite société parce que originaires de la même localité. Ils ont quitté Ouéléssébougou, un village dans la région de Sikasso car la vente de bazins teintés marche plus au Sénégal que dans la sous-région. La teinturerie est presque une spécialité malienne si l’on en croit Seydou Maiga, un des teinturiers. « Nous avons une clientèle très diversifiée qui est très satisfaite de notre offre. Les Sénégalais préfèrent notre marchandise car nous venons du Mali. Ce qui nous arrange car nous gagnons beaucoup d’argent », affirme le chef de l’atelier. Les ouvriers sont une bonne quinzaine. Leur chiffre d’affaires est très élevé. D’ailleurs, une bonne partie de l’argent collecté est envoyé au village. « Nous sommes organisés en une petite communauté et quand nous envoyons l’argent, nos différentes familles se le répartissent. Le reste on le partage et chacun a sa petite épargne », poursuit le jeune frère Moussa Maiga.
La teinturerie, activité artisanale est très fructueux. Ces tissus, originalement africains sont un élément d’identité culturel. Cependant un problème subsiste : leur cherté. Ce qui est paradoxal car les produits intervenant dans la fabrication sont tous locaux. Sauf le bazin qui est importé.
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