La loi les protège, les ONG également. Et pourtant, ils sont nombreux, ces enfants au gestuel et au regard innocent qui travaillent. Ils gagnent leur vie à la sueur de leur front devant la complicité hypocrite de la société. Ousseynou Sène 11ans en fait parti. Univers d’un enfant qui n’a rien demandé.
Il n’est pas né avec une cuillère en or dans la bouche. C’est tout simplement son crime. A 11ans, Ousseynou s’assume seul, et en fait de même, partiellement du moins, pour sa famille. Comme un adulte, il se lève à des heures où la plupart de ses égaux sont au lit pour aller à son lieu de travail, derrière le stade Léopold Sédar Senghor. Sur ses 1,15m, il va chercher l’eau sur une distance d’au moins 800mètres de son domicile inachevé. Culotte déchiquetée, tee-shirt presqu’en haillons, casquette sur la tête, chaussures en plastique, il confie tout en lavant une voiture « j’ai l’habitude de travailler car durant l’hivernage je me rends au village pour la culture de l’arachide. Je ne sais rien faire d’autre et ça ne me dérange pas ». Quid des ONG pour enfants ? Ousseynou n’en connait pas. D’ailleurs, il a commencé par le commerce comme marchand ambulant puis la maçonnerie comme journalier. Il en est à son troisième métier. Boy Ouzin, comme l’appellent ses clients, est très actif. Et ses services sont très appréciés par les conducteurs de la zone, d’où la variété de sa clientèle. L’un d’eux, un fidèle client, Cheikh Ndiaye est chauffeur de minibus. Il explique son assiduité chez celui qu’il appelle « fils». « Je préfère ses services parce qu’il nettoie bien et en plus il est très sérieux », affirme-t-il tout en attendant que sa voiture soit prête et propre.
Dans une vie comparable à une jungle où les plus grands mangent les plus petits, ce tout jeune travailleur au teint noir lui se fait prudent. « Je n’ai pas eu la chance de mettre pied à l’école parce que le destin en a voulu autrement, mais je sais quand même calculer de l’argent ». Mais parfois son âge le handicape quand même : « il m’arrive de nettoyer une voiture et que le propriétaire veuille me tromper; mais je ne me laisse pas faire, je trouve des astuces pour m’en sortir», lâche-t-il derrière sa moue d’enfant. Très perspicace pour son âge, ses chiffres d’affaires varient entre 2500 et 3000 par jour.
Sur ses épaules frêles, repose presque toute une famille. Il participe ainsi aux différentes dépenses du foyer. Et divise ses recettes du jour en trois : « l’une est pour ma mère, l’autre pour la cotisation des repas et autres et la troisième partie est pour moi. Je le mets dans mon pot d’épargne ». Ce jeune sérère né à Bambey a comme seul souci sa maman, elle est la raison de son activité. « Je ne peux pas laisser ma mère mourir de faim. Je suis l’homme de la maison vu que mon père nous a abandonnés. Je veux le meilleur pour elle ». Cet abandon du père fait qu’Ousseynou est depuis tout petit proche de sa mère. Pour cette dernière, il est le meilleur fils. « Une chose est sûre c’est que mes prières l’accompagnent. Il est tout petit et n’a même pas la force de travailler mais il est digne et a de la peine pour moi. Grâce à lui, je n’envie personne », témoigne-t-elle chapelet à la main, dans la cour familiale.
Bien aimé et apprécié sur cet espace goudronné lui servant de lieu de travail, Ousseynou est à son âge son propre patron. « Avec le métier que j’exerce, je suis mon propre chef et je n’ai de compte à rendre à aucun supérieur ou fournisseur contrairement à la maçonnerie ou au commerce que je faisais ». Comme tout enfant, Ousseynou a un rêve, un rêve qui lui tient à cœur. « Je veux devenir un grand champion de lutte à l’image de mon idole Modou Lo; ainsi je pourrais acheter une jolie maison pour ma mère, ma jeune sœur qui travaille comme domestique et moi », dit-il les yeux luisant d’espoir.
Loin des jeux, principales préoccupations de ses compères, Ousseynou cherche la voie, sa voie : la lutte, ce rêve d’enfant bien sien. Sous cette innocence, ce regard, ces gestes enfantins, il reste un enfant qui n’a rien demandé. Qui sait ? Demain reste un mystère. Et peut-être fera-t-il un jour, sur le petit écran, son « bakk » (danse folklorique des lutteurs sénégalais), celui par lequel il émerveille ses collègues. Un rêve qui permet à ce petit par l’âge, mais grand en ambitions de lutter contre la destinée, qui, certainement pour lui n’est pas fatalement réglé d'avance.
Il n’est pas né avec une cuillère en or dans la bouche. C’est tout simplement son crime. A 11ans, Ousseynou s’assume seul, et en fait de même, partiellement du moins, pour sa famille. Comme un adulte, il se lève à des heures où la plupart de ses égaux sont au lit pour aller à son lieu de travail, derrière le stade Léopold Sédar Senghor. Sur ses 1,15m, il va chercher l’eau sur une distance d’au moins 800mètres de son domicile inachevé. Culotte déchiquetée, tee-shirt presqu’en haillons, casquette sur la tête, chaussures en plastique, il confie tout en lavant une voiture « j’ai l’habitude de travailler car durant l’hivernage je me rends au village pour la culture de l’arachide. Je ne sais rien faire d’autre et ça ne me dérange pas ». Quid des ONG pour enfants ? Ousseynou n’en connait pas. D’ailleurs, il a commencé par le commerce comme marchand ambulant puis la maçonnerie comme journalier. Il en est à son troisième métier. Boy Ouzin, comme l’appellent ses clients, est très actif. Et ses services sont très appréciés par les conducteurs de la zone, d’où la variété de sa clientèle. L’un d’eux, un fidèle client, Cheikh Ndiaye est chauffeur de minibus. Il explique son assiduité chez celui qu’il appelle « fils». « Je préfère ses services parce qu’il nettoie bien et en plus il est très sérieux », affirme-t-il tout en attendant que sa voiture soit prête et propre.
Dans une vie comparable à une jungle où les plus grands mangent les plus petits, ce tout jeune travailleur au teint noir lui se fait prudent. « Je n’ai pas eu la chance de mettre pied à l’école parce que le destin en a voulu autrement, mais je sais quand même calculer de l’argent ». Mais parfois son âge le handicape quand même : « il m’arrive de nettoyer une voiture et que le propriétaire veuille me tromper; mais je ne me laisse pas faire, je trouve des astuces pour m’en sortir», lâche-t-il derrière sa moue d’enfant. Très perspicace pour son âge, ses chiffres d’affaires varient entre 2500 et 3000 par jour.
Sur ses épaules frêles, repose presque toute une famille. Il participe ainsi aux différentes dépenses du foyer. Et divise ses recettes du jour en trois : « l’une est pour ma mère, l’autre pour la cotisation des repas et autres et la troisième partie est pour moi. Je le mets dans mon pot d’épargne ». Ce jeune sérère né à Bambey a comme seul souci sa maman, elle est la raison de son activité. « Je ne peux pas laisser ma mère mourir de faim. Je suis l’homme de la maison vu que mon père nous a abandonnés. Je veux le meilleur pour elle ». Cet abandon du père fait qu’Ousseynou est depuis tout petit proche de sa mère. Pour cette dernière, il est le meilleur fils. « Une chose est sûre c’est que mes prières l’accompagnent. Il est tout petit et n’a même pas la force de travailler mais il est digne et a de la peine pour moi. Grâce à lui, je n’envie personne », témoigne-t-elle chapelet à la main, dans la cour familiale.
Bien aimé et apprécié sur cet espace goudronné lui servant de lieu de travail, Ousseynou est à son âge son propre patron. « Avec le métier que j’exerce, je suis mon propre chef et je n’ai de compte à rendre à aucun supérieur ou fournisseur contrairement à la maçonnerie ou au commerce que je faisais ». Comme tout enfant, Ousseynou a un rêve, un rêve qui lui tient à cœur. « Je veux devenir un grand champion de lutte à l’image de mon idole Modou Lo; ainsi je pourrais acheter une jolie maison pour ma mère, ma jeune sœur qui travaille comme domestique et moi », dit-il les yeux luisant d’espoir.
Loin des jeux, principales préoccupations de ses compères, Ousseynou cherche la voie, sa voie : la lutte, ce rêve d’enfant bien sien. Sous cette innocence, ce regard, ces gestes enfantins, il reste un enfant qui n’a rien demandé. Qui sait ? Demain reste un mystère. Et peut-être fera-t-il un jour, sur le petit écran, son « bakk » (danse folklorique des lutteurs sénégalais), celui par lequel il émerveille ses collègues. Un rêve qui permet à ce petit par l’âge, mais grand en ambitions de lutter contre la destinée, qui, certainement pour lui n’est pas fatalement réglé d'avance.
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